Traîner les pieds dans la poussière des chemins, sentir le vent froid s'engouffrer sous la chemise et pétrifier les membres las, le visage émacié, les forces et le courage : le voyage, long et inconfortable, ne tenait pas ses promesses de joyeuse évasion. Mais il y avait comme un bonheur qui réchauffait pourtant le cœur de Cydalise, valet d'armes pour l'occasion et fière comme un gueux.
Elle suivait le convoi de fortune, grimpant parfois dans le chariot et s'y frayant une maigre place. Mais il faisait encore meilleur marcher péniblement que de rester immobile à sentir tout son sang se figer au dedans.
Et puis enfin, les portes de la ville apparurent, sonnant la fin du périple.
Derrière le seigneur Sarmite, elle attendait en trépignant, dansant d'un pied sur l'autre, ses lèvres bleues laissant mourir des soupirs aussitôt envolés en longues volutes blanches.
Fronçant les sourcils, les poings ramassés sous son menton et faisant imperceptiblement claquer ses dents, elle maugréa :
« C'quand qu'on entre ? Froid… »