Arrivée d'Ambre

"Non pas sa maitresse, je suis sa grand mère..et je sais que vous vous en cognez, vous m'avez déjà refusée une fois"

ça c'est ce qu'elle aurait répondu du tac au tac en d'autres circonstances, certainement d'une voix badine, mais là ils étaient pas aux taquineries.

Le fameux Mestre-épouvantail cherche à l'intimider, mais comment simuler la peur, quand elle n'en est pas désarçonnée, et pourtant..Va falloir faire un effort, et rassurer son interlocuteur qu'elle sait obeir aux ordres, qu'elle a compris que c'est lui le chef, qu'elle sait se soumettre aux ordres sans qu'elle n'aie les choquottes.
Heureusement que nul ne sait ce qui se passe dans la tête d'un postulant, ce que l'on peut voir, une femme, qui n'a pas bougé d'un poil, le regard franc rivé au sien, respect évident et sincère, une envie de chuchoter, "Tout doux je suis déjà matée on passe aux choses sérieuses?"

La voix totalement monocorde elle répond, cultivant déjà l'apparence d'un "soldat modèle", hésitant entre une réponse longue comme celle qu'elle a fait à Secate et une autre plus concise

-Et bien mes attentes peuvent se résumer en quatre mots "Se battre pour la Bretagne et pour notre roué", mais pourquoi ici et pas l'Ost? elle devance la question et pousse davantage la réponse.
L'ordre des trente a un fonctionnement certainement différent, l'abondance des missions m'attire, le choix selectif des escuyers aussi, se battre à côté de frères d'armes qui ont une cause à défendre, fiers, et aguerris, n'a rien de comparable avec se battre auprès de gens enrôlés à la va-vite qui somnolent des mois entre deux missions.
Je partage beaucoup de chose avec mon promis jusqu'au plaisir de porter mon épée, je ne peux pas m'épanouir autrement, et franchement si l'ordre me refuse encore, je ne pourrais m'orienter vers autre chose que les armes, c'est un fait.

Son regard ne quitte pas le visage de son interlocuteur jusqu'à ce qu'il quitte la pièce, c'est qu'elle n'en revenait pas, elle était admise.
Elle se rend compte brutalement de deux choses :
1- qu'elle avait oublié de respirer
2- qu'elle n'était pas seule
La voix de Secate, qui avait assisté à l'entretien, la tire de sa torpeur

-Oui j'avais écrit à Maël au mois d'avril je pense, je n'avais pas assez de force certainement, même si ma motivation était la même qu'aujourd'hui. Sa réponse ne fut pas un refus catégorique pour autant, il m'a expliqué que c'est non jusqu'à ce que je prenne des forces.

Elle reprend enfin ses esprits, cachant la joie de son admission jusqu'à sortir du poste de garde, fêter ça avec son promis.

Parfait, j'attendrai avec eux le temps qu'il faudra.